La bataille d'Horseshoe Bend
27 mars 1814
Le chef indien Tecumseh naquit vers 1768 dans une tribu Shawnee, dans la région de l'actuelle Springfied (Ohio).
A la mort de son père, sa mère, d'origine Creek, choisit de rejoindre sa propre tribu.
Devenu adulte, le chef Tecumseh conduisit sa tribu dans la Northwest indian war, entre 1790 et 1795, mais fut vaincu par le général Wayne à la bataille de Fallen Timbers (20 août 1794). Il refusa néanmoins de signer le traité de Greenville qui autorisait la vente de terres indiennes aux Blancs.
Lors du déclenchement de la guerre des Creeks, en 1811, il tenta de former une fédération des tribus indiennes, du Canada à la Floride, afin de résister à l'avance des "Blancs". Il échoua toutefois, les différences ou les haines des diverses tribus étant trop fortes. La défaite de Tippecanoe, en novembre 1811, détruisit ses derniers espoirs en la matière. Il parvint néanmoins à réunir 3.000 guerriers, appartenant à 32 tribus, et les mena au Canada où il fit alliance avec les Britanniques.
En 1812, une nouvelle guerre éclata entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Tecumseh reçut le grade de général dans l'armée anglaise. Par ailleurs, des agents anglais furent envoyés en territoire Creek pour provoquer de l'agitation au sein de tribus déjà largement hostiles aux Américains du fait d'engagements non respectés.
Dès 1812, Tecumseh lança de meurtriers raids contre des exploitations agricoles isolées. En août 1813, Fort Mims, un petit poste situé au nord de Mobile, fut conquis et ses 300 occupants massacrés.
Ayant appris la nouvelle du massacre, le général Andrew Jackson, futur président U.S., leva une milice de 2.000 hommes au Tennessee. Ces derniers furent renforcés par 700 soldats professionnels et 600 Indiens Cherokee ralliés aux Américains.
Le choc décisif entre cette force de 3.300 combattants et une troupe de 1.000 guerriers Creeks eut lieu le 27 mars 1814 à Horseshoe Bend, une péninsule de la rivière Tallapoosa (Alabama).
La bataille
Les Creeks s'étaient retranchés avec détermination, ayant construit une barricade en troncs de sapins qui barrait l'accès à la courbe.
Bien que Jackson eut disposé ses troupes avec maîtrise, la bataille s'avéra difficile à engager. Les Creeks s'étaient terrés dans le sol et les deux canons de Jackson furent impuissants contre leurs bastions.
Il ne resta plus qu'à prendre la barrière des Creeks d'assaut.
Un commandant bondit sur les troncs et fut tué. L'homme qui le suivit était l'enseigne Sam Houston, futur président du Texas et vainqueur de Santa Anna à San Jacinto . Brandissant son sabre, Houston grimpa sur la fortification et hurla à ses hommes de le suivre avant de sauter au milieu des Indiens.
Ces derniers se jettèrent sur lui en masse et Houston engagea une furieuse bataille au sabre, recevant au passage une flèche dans la cuisse. Houston réussit toutefois à contenir les Indiens jusqu'à l'arrivée de ses hommes.
Les Américains pénétrèrent en force dans le retranchement tandis que Jackson faisait transporter Houston à l'arrière. Mais dès qu'il eut été pansé, Houston rejoignit ses troupes.
La bataille resta indécise. Les sorciers indiens avaient prédit aux Creeks que le Grand Esprit leur assurerait la victoire finale et ils refusèrent de se rendre.
La lutte se transforma en une succession de corps à corps, à coups de sabres et de haches de guerre. Rapidement, des centaines de corps vinrent joncher le sol.
Les Creeks finirent par se rabattre vers un ravin barricadé de troncs d'arbres d'entre lesquels ils tirèrent, comme par des meurtrières, contre les Américains impuissants à les déloger.
Jackson demanda des volontaires pour prendre la position d'assaut mais personne ne bougea.
Les capitaines ne se décidant pas à devenir des héros, Houston, ignorant tout respect hiérarchique, s'élança vers la position des Indiens en ordonnant à ses hommes de le suivre.
Parvenu à 5 mètres du retranchement, il fut touché d'une balle à l'épaule et perdit son mousquet. Se retournant pour encourager ses hommes, il fut atteint une autre fois.
Effrayés, les soldats U.S. se mirent à ramper vers l'arrière. Dépité, Houston ne put que suivre leur exemple, échappant miraculeusement à une concentration de tirs.
Il fallut finalement une inspiration du général Jackson pour mettre un terme à l'affrontement. Il fit tirer des flèches enflammées sur les retranchements. Les troncs d'arbres brûlants enfumèrent les Indiens, et l'insurrection des Creek fut terminée.
Les Creek avaient perdu 800 des leurs (sur un effectif initial de 1.000 !), les Américains et leurs alliés 203 hommes, dont 49 tués.
Les conséquences
La puissance des Creek fut brisée par la bataille de Horseshoe Bend.
Ces derniers furent contraints de céder leurs riches territoires et déplacés vers l'Ouest.
Leurs terres furent rapidement ouvertes aux colons dans ce qui deviendrait les états de Géorgie et d'Alabama. L'aisée culture du coton y favorisa l'expansion de l'esclavage et, à terme, des Etats confédérés d'Amérique.
La réputation du général Jackson atteignit des sommets. Sans autorisation, il franchit la frontière de la Floride et s'empara d'un fort espagnol à Pensacola (novembre 1814). Peu après, il acquit une renommée nationale en vainquant l'adversaire anglais à la Nouvelle-Orléans (janvier 1815).
Tecumseh continua le combat. Il perdit la vie à la bataille de la rivière Thames, le 5 octobre 1813, dans la région du Lac Érié, battu par le général U.S. Harrison. Il choisit de faire face à l’ennemi alors que ses alliés anglais préférèrent battre en retraite. Son corps ne fut jamais retrouvé et les circonstances exactes de sa mort furent toujours maintenues secrètes par son peuple.
Sam Houston fut retrouvé, à peine vivant, parmi les cadavres jonchant le ravin. Un médecin refusa de faire des sondages pour retrouver les balles, estimant que le patient ne passerait pas la nuit.
Houston resta étendu sans soin la nuit entière. Au matin, étant toujours vivant, il fut transféré à Fort Williams, à 110 kilomètres de là, et resta au fort plusieurs semaines sans traitement, se refusant à mourir.
Houston, contre toute attente, parvint à survivre. Il partit vivre chez les Cherokee et tourna le dos à la civilisation. Les Indiens étant honteusement dupés dans leurs rapports avec les U.S.A., Houston conçut le rêve d'un Empire indien unissant les Cherokee, les Choctaw, les Osage et les Creek en une puissante nation indépendante. Il recueillit les revendications des tribus et fut envoyé à Washington comme ambassadeur officiel de la nation indienne. Il fut reçut chaleureusement par son ami, le président Jackson, mais scandalisa le Congrès en s'y présentant vêtu en Indien. Malgré l'avis favorable du président, les projets visant à améliorer le sort des Indiens se heurtèrent à une très forte opposition politique. Dégoûté par la politique, Houston retourna chez les Cherokee quelques années durant...