Aux États-Unis, dés 1860 tout n'était pas cousu à la main, loin de là...[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Machine à coudre américano-troyenne
Des machines à coudre auboises ? À Paris, l'Exposition de 1855 en présenta deux. Un autre modèle était importé des USA et « monté » à Troyes.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Dans les années 1860, les machines à coudre Grover et Baker, fabriquées à Boston, affichaient un des meilleurs rapports qualité/prix. Chevallier, un mécanicien troyen, a eu l'idée d'importer les mécanismes qu'il a montés sur place.
À Troyes, feue capitale de la maille, qui dit mécanique textile sous-entend fatalement métier à tricoter. D'utilisation moins spectaculaire, la machine à coudre a pourtant largement contribué, chez les professionnels comme chez les particuliers, à la révolution industrielle et à la création du prêt-à-porter.
Chronologiquement, Barthélemy Thimonnier reste l'inventeur de la « mécanique à coudre » avec un modèle mis au point en 1830. Les recherches parallèles de l'Américain Walter Hunt aboutirent en 1834 et c'est à partir de ce modèle, que perfectionna et breveta Elias Howe en 1847, que débuta réellement - essentiellement outre-Atlantique - la grande aventure de la machine à coudre. La progression se révéla compliquée.
Pas évident de mécaniser les gestes des couturières ! Il fallut aux mécaniciens, rivaliser d'ingéniosité pour élaborer un système qui produise, le plus rapidement possible, une couture à la fois fine et solide, sans emmêler ni casser les fils, ni celui du dessus ni celui du dessous…
Précisément, le système actionnant le fil du dessous - la navette - fut le plus délicat à mettre au point, donnant lieu, du coup, à une multitude de procédés.
Révélée en 1855
En France, la grande percée à la fois économique et médiatique de la machine à coudre s'effectue en 1855, alors que Paris accueille sa première Exposition internationale. Un objet y joue la vedette : la machine à coudre. Elle a des versions américaines, anglaises, allemandes, françaises…
Au rang des exposants nationaux figurent entre autres deux Troyens. Dard, au stand 1611, exposait une machine qu'il avait fait breveter le 10 juin 1854 et qui reprenait un système américain. Elle présentait certains avantages techniques mais l'important inconvénient d'être réduite aux seules coutures droites. « Elle a été nouvellement remplacée par des machines plus parfaites », conclut le jury. Leduc, au stand 1618 - par ailleurs constructeur de métiers à tricoter - expose sa propre création, brevetée en octobre 1853, apparemment très originale : « La machine diffère de toutes les autres en ce que la navette fonctionne au-dessus de l'étoffe et que les aiguilles, par suite, la percent bas en haut. Bien que la construction et la disposition en soient fort ingénieuses, elle est à cause de sa complication et de son prix élevé (1 000 F), peu pratique », commente le jury.
« Nouvelle américaine »
À la pointe du progrès, celles des machines à coudre qui firent fureur, étaient américaines d'autant que - basées à Boston -, deux des principales marques Singer et Grover et Baker organisaient des démonstrations de vitesse…
Peut-être est-ce à l'occasion de cette exposition, ouverte du 15 mai au 15 novembre, que V. Chevallier, un mécanicien troyen installé rue Thiers (l'actuelle rue Général-de-Gaulle) découvrit le modèle phare de Grover et Baker : « La Nouvelle américaine », dont le système breveté en 1851 ne cessait de s'améliorer, « formant un double point à bride au moyen de deux aiguilles, l'une marchant verticalement et l'autre, horizontalement », explique Louis Figuier dans L'Année scientifique et industrielle de 1861, avant de préciser : « À cette heure, c'en est une des plus tranquilles et des plus simples en usage. Elle coud le fort comme le plus fin. »
Chevalier, devenu concessionnaire de Grover et Baker se ravitaillait auprès de la maison américaine Godwin, quai Jemmapes à Paris, mais son rôle était loin de se limiter à commercialiser la « Nouvelle américaine » dans l'Aube.
Pour limiter le coût, seul le mécanisme était importé. Tout le montage de la machine était Made in Troyes, comme le stipule la marque Chevallier à Troyes apposée tant sur le châssis que sur la platine de la machine… Chevallier avait conçu le châssis en fonte, le plateau en bois marqueté - qu'il commandait à des sous-traitants locaux - et le pédalier d'entraînement qu'il reliait à la machine proposant ainsi aux Aubois un modèle performant, relativement économique et autrement plus pratique que les petits modèles portables s'actionnant à la main. Elle eut manifestement un grand succès dès son lancement : autour de 1860.
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■ 1850-1900 : la percée américaine
Les expositions de Londres en 1851 et de Paris en 1855 présentent
au grand public des machines produites en série
par des firmes américaines. Parmi celles-ci, Singer, qui crée
en 1858 la première machine portable à usage domestique.
Doué d'un véritable talent commercial, Isaac Merritt Singer
sait orchestrer une publicité mondiale en faveur de ses
machines et exploiter pleinement le retard européen pour
en inonder les marchés. Il exporte plus de machines qu'iln'en vend aux États-Unis. Seul l'Allemand Georg Michael
Pfaff, qui vient de lancer sa propre production en 1862,
semble être un concurrent de taille à affronter Singer.
En 1860, on compte déjà 500 000 machines à coudre en service
aux États-Unis contre quelques milliers à peine en Europe.En 1890, la production de Singer dépasse 9 000 000 de
machines, et la firme américaine parvient même à doter les
écoles de jeunes filles anglaises de machines à coudre pour
faire de leurs élèves de futures clientes.