ttle Turtle est, avec Tecumseh, le plus grand chef indien de la fin du XVIIIè siècle. Entre 1790 et 1794, il conduit une coalition indienne qui inflige à l’armée des Etats-Unis, sur la rivière Maumee, puis sur la rivière Wabash, deux des plus sévères défaites qu’elle ait connues.
un grand chef
Little Turtle est un Miami de l’Indiana. Son nom est "Michikinikwa".
Après la victoire américaine sur les troupes anglaises en 1783, des colons de plus en plus nombreux s’installent sur les terres indiennes de l’Ohio et du Kentucky, menaçant directement les nations shawnee, miami, huronne et delaware. Les Indiens intensifient leurs raids contre les établissements anglais. On estime que mille cinq cents colons ont trouvé la mort entre 1783 et 1790. Les colons du Kentucky, de Virginie, de Pennsylvanie lèvent des milices que le président George Washington fait encadrer par des soldats réguliers. Les villages indiens sont maintenant sous la menace de cette troupe puissante et bien armée.
Little Turtle est le principal organisateur de la résistance indienne. Blue Jacket des Shawnees, Buckongahelas des Delawares, Tarhe des Hurons se mettent sous ses ordres. Très habile stratège, Little Turtle préconise une tactique de guérilla faite de coups de main rapides, d’embuscades suivies de promptes retraites dans les bois, durant lesquelles les guerriers, simulant le désarrois afin d’inciter l’ennemi à la poursuite, le font tomber dans une seconde embuscade. Cette tactique très élaborée portera ses fruits à plusieurs reprises.
La bataille de maumee river (22 octobre 1790)
Le 30 septembre 1790, le général Harmar, peu au fait des techniques de combat des Indiens, quitte Fort Washington, à l’emplacement de l’actuelle Cincinnati, à la tête d’un contingent de près de mille cinq cents hommes composé de miliciens et de soldats réguliers. La plupart d’entre eux sont inexpérimentés, peu rompus à la guerre indienne.
Avec le gros de ses troupes, il avance en pays miami, ravageant plusieurs villages. Pendant ce temps, le 19 octobre, à Heller’s Corner, les cent quatre-vingt miliciens du colonel Hardin tombent dans une embuscade tendue par trois cents Miamis conduits par Little Turtle. Les Américains laissent plus de vingt morts sur le terrain avant de se dégager et de rejoindre Harmar.
Hardin, qui brûle de prendre sa revanche, demande l’autorisation de poursuivre les Indiens avec ses miliciens. Harmar lui adjoint le major Wyllys et soixante soldats réguliers. Les quatre cents hommes atteignent la rivière Maumee le 22 octobre, à la recherche de l’adversaire.
Au moment où les soldats franchissent la rivière, des centaines d’Indiens surgissent. Il y a là des Miamis, des Shawnees, des Delawares, des Kickapoos, des Chippewas, des Ottawas, des Potawatomis. Little Turtle est à leur tête. Les Indiens balayent la troupe de Wyllys, ne laissant que neuf survivants. Les miliciens accourus en renfort sont repoussés, puis durement accrochés et mis en déroute.
La bataille de la Maumee River a fait plus de cent cinquante morts parmi les Américains. Les Indiens ont eu moins de vingt tués. C’est l’une des plus grandes victoires indiennes.
L’année suivante, le Congrès autorise le général Arthur Saint-Clair à lever trois mille hommes et à poursuivre les Indiens. Sa campagne se terminera encore plus mal.
La bataille de wabash river (4 novembre 1791)
Après la terrible défaite infligée au général Josiah Harmar sur la rivière Maumee par les guerriers de Little Turtle l’année précédente, le général Arthur Saint-Clair rassemble de nouvelles troupes de soldats réguliers et de miliciens et s’enfonce en pays miami. Les mille quatre cents soldats progressent lentement dans une région difficile d’accès, entourés d’ennemis invisibles. La saison est avancée, de la neige recouvre déjà le sol quand ils font halte le long de la rivière Wabash. Saint-Clair a morcelé ses effectifs pour pousser des reconnaissances et pour poursuivre des déserteurs. Little Turtle a rassemblé près de mille deux cents guerriers. Il y a là des Miamis, les Mohawks de Joseph Brant, les Shawnees du jeune Tecumseh, des Delawares, des Hurons, des Kickapoos, des Cherokees Chickamaugas, des Creeks et des Osages.
A l’aube du 4 novembre, les Indiens surgissent et se jettent sur le camp des miliciens qu’ils anéantissent, puis progressent vers le camp principal des soldats. Le canon mis en batterie se révèle vite inefficace devant l’assaut furieux des Indiens. Pendant toute la journée, le corps à corps se poursuit. Les unités américaines sont bousculées, isolées malgré plusieurs tentatives de contre-attaque qui, toutes, échouent. Le colonel Drake parvient à desserrer l’étau qui menaçait de les broyer tous et fuit dans la forêt. Little Turtle abandonne la poursuite "ayant tué assez d’Américains ce jour-là".
La bataille de la Wabash River est la plus grande défaite que les Américains ait subie contre les Indiens. Les Blancs ont reconnu six cents quarante morts et deux cents soixante blessés. Les Indiens n’ont eu que trente morts et une cinquantaine de blessés.
A la suite de ces deux cuisantes défaites, le président George Washington, confia au général Anthony Wayne la tâche de former une troupe pour écraser les Indiens.
la bataille de fallen timbers (20 août 1794)
Après leur terrible défaite sur la Wabash River, les Américains rêvent de prendre leur revanche sur le chef Little Turtle et ses alliés. Le président George Washington a donné carte blanche au général Anthony Wayne dit "Mad Anthony" (Anthony le Fou) pour écraser les Indiens. Wayne, un vétéran de la Guerre d’Indépendance Américaine recrute une armée qu’il entraîne pendant près de deux ans. La Légion de Wayne forte de trois mille hommes comporte un important contingent de cavalerie. C’est la première fois qu’on utilise contre les Indiens la cavalerie de façon massive. Après plusieurs attaques infructueuses tentées dans l’été 1794, Little Turtle comprend qu’il ne pourra pas vaincre une armée aussi puissante. Il conseille la prudence et se retire de la confédération. Turkey Foot prend la tête des forces indiennes.
Le long de la Maumee River, près de l’actuelle ville de Toledo, au lieu dit Fallen Timbers, un formidable enchevêtrement de troncs fauchés par les tempêtes constitue un rempart naturel presque infranchissable. C’est là que les Indiens ont décidé d’arrêter l’armée de Wayne. Mais le général attend trois jours avant de donner l’assaut. Déconcertés par cette stratégie inattendue, les Indiens doivent, pour subsister, envoyer des hommes chasser dans les environs. C’est le moment où Wayne lance son infanterie qui charge à la baïonnette et escalade le rempart de troncs. Pendant ce temps, la cavalerie déborde le rempart et repousse les Indiens qui abandonnent près de cent morts.
Wayne poursuit les Indiens jusqu’aux portes de Fort Miami tenu par les Britanniques. Les Anglais, qui avaient assuré les Indiens de leur soutien, refusent d’ouvrir les portes du fort, laissant leurs alliés se faire massacrer sous les remparts du fort. Le général Wayne poursuit son avantage le long de la Maumee, détruisant les récoltes et les villages indiens de la vallée de l’Ohio.
Anéantis par cette lourde défaite, les chefs de la confédération indienne doivent se soumettre. En août 1795, ils rencontrent le général Wayne à Fort Greenville et signent un traité par lequel ils abandonnent la plus grande partie de leurs terres de l’Ohio.
Le traité de fort greenville
Un an plus tard, Little Turtle, avec d’autres chefs, se résigne à signer le traité de Fort Greenville par lequel les nations indiennes abandonnent la plus grande partie de leurs terres de l’Ohio. Il voyage dans les villes de l’est et rencontre George Washington en 1797. Quand, en 1811, Tecumseh essaie de l’entraîner dans la lutte, il refuse et conseille la paix. Il meurt de maladie en 1812.