Un autre article glané sur le net
Captifs des Indiens (1)Le fait a inspiré des romans et des films, et fascine par bien des aspects : les captifs blancs des Indiens. Mais derrière les images, le romanesque, la saga épique, se cache une réalité douloureuse qui renvoie à une actualité brûlante, car ce sont souvent des femmes qui sont enlevées, et l'on sait que le viol et l'esclavage sont depuis toujours des armes de guerre...
Avant même l'arrivée des colons blancs, le principe de l'enlèvement existait déjà dans la culture indienne : lorsqu'il fallait "remplacer" les guerriers tombés au combat, la tribu lançait un raid sur le village ennemi, et prenait des prisonniers.
Les hommes étaient torturés et tués par vengeance, tandis que les femmes devenaient esclaves (sexuelles ou non) et que les jeunes garçons étaient élevés pour devenir des guerriers.
Lors des conflits opposant les Indiens et les Blancs, les premiers se livrèrent naturellement à cette tactique, qui avait également pour but de briser psychologiquement l'ennemi : le fait de savoir que l'épouse, la soeur, la fille est aux mains des "peaux-rouge" a un effet dévastateur.
Pour éviter un tel drame, il était parait-il conseillé aux femmes des pionniers établis dans les régions "à risque" de garder en permanence un revolver chargé afin de tuer leurs enfants et de se suicider en cas d'attaque indienne.
Bien entendu, des expéditions sont montées par les Blancs pour retrouver au plus vite les captifs, et parfois, ceux-ci sont arrachés à leurs geoliers par la force ou contre une rançon. Mais dans beaucoup de cas, les prisonniers sont retrouvés des mois, des années après, et cela peut entrainer de douloureuses conséquences pour les intéressés et leurs familles.
Car il y a alors un "tabou" qui entoure le retour de la personne enlevée : s'il s'agit d'une femme, elle est considérée comme "perdue", et son existence devient au moins aussi difficile parmi les siens que parmi les Indiens. Les enfants ont peut-être plus de chance de s'en sortir, surtout s'ils ont été récupérés assez tôt, mais pour eux aussi, le retour à la vie "normale" est marquée par l'ostracisme et la suspicion.
Quelle pouvait être la vie d'une captive ? Si certaines femmes "sauvées" ont écrit des livres pour témoigner, le plus grand nombre a préféré se taire, pour éviter à leurs familles les douloureux récits et sans doute aussi pour oublier.
Car la vie d'une captive n'avait rien de romanesque ni d'héroïque. Elle se retrouvait esclave de la tribu, et souffre-douleur des vieux, des enfants et des femmes. Lorsqu'un guerrier la choisissait comme compagne, elle subissait les brimades des autres épouses. Beaucoup de femmes et d'enfants enlevés ne survivaient pas plus d'une année à leur captivité ; de plus, il était courant que, lors d'une attaque du campement par les Blancs, le premier geste des Indiens était de tuer leurs prisonniers.
Mais ce n'était pas toujours aussi dramatique. Certaines ne devenaient pas des esclaves et étaient même très bien traitées. Tout dépendait en fait de leurs geoliers, et, peut-être aussi, de la prospérité de la tribu : s'il y avait assez de nourriture, sans doute la captive n'était-elle pas vue comme une "bouche supplémentaire" mais plutôt comme une aide bienvenue pour les travaux. Mais un tel traitement de faveur était somme toute assez rare.
Captifs des Indiens (1)Avec les mois, puis les années, la captive finissait par se faire à son existence. Certaines d'entre elles sont devenues des figures historiques, comme Olive Oatman. Elle a 14 ans en 1851 quand une partie de sa famille est massacrée par des Tolkepayas. Elle et sa jeune soeur de 7 ans, Mary-Ann, sont enlevées et deviennent esclaves durant un an, avant d'être échangées à des Mohaves contre des chevaux.
Elles seront mieux traitées par leurs nouveaux "propriétaires" et finiront par être "assimilées". Elle seront tatouées au visage et aux bras. Lors d'une sécheresse, la tribu connait une terrible famine et Mary-Ann mourra de faim à 11 ans. Olive, quant à elle, retrouve la civilisation à 19 ans, après de longues tractations avec les Mohaves. Son histoire fait sensation à l'époque, tout comme ses impressionnants tatouages. Elle épousera un éleveur et partira au Texas où elle adoptera une petite fille. Elle meurt d'une crise cardiaque en 1903.
À l'époque, on se souciait peu de l'aspect psychologique du retour à la civilisation, et beaucoup de récits font état de femmes libérées qui réclamaient la mort de leurs geoliers, ou qui étaient devenues complètement folles à force de mauvais traitements. Souvent, la captive demandait elle-même à rester parmi les Indiens. C'était de sa part un choix délibéré souvent dû au fait qu'elle avait eu des enfants et qu'elle s'estimait incapable de revenir à sa vie d'avant.
Pour ce qui est des enfants enlevés, cela pouvait prendre une tournure dramatique : ils étaient tués s'ils ralentissaient la fuite des Indiens après le raid. Ceux qui parvenaient en vie au campement s'intégraient rapidement à la tribu, devenant à l'âge adulte de farouches guerriers qui à leur tour s'attaquaient au Blancs.
Ainsi, derrière l'image "idéalisée" de la jeune fille sauvée des Indiens et ramenée vers la civilisation blanche, se cache des drames, des histoires sordides de viols, d'esclavage, de misère psychologique et de difficile réadaptation qui transparaissent très peu au cinéma, et qui surtout sont occultées -il faut bien le dire - par la tendance moderne à faire des Indiens de paisibles autochtones spoliés par les Blancs. Connaitre les territoires les plus sombres de l'Histoire de la colonisation de l'Amérique permet de comprendre que, des deux côtés, la violence et le sang ont façonnés le pays.