Histoire des films américains sur la Guerre Civile Par Christopher M Geeson
Depuis les commencements du cinéma, la Guerre Civile américaine a été le sujet ou y a fait référence pour des centaines de films. Cet article se concentrera sur les plus remarquables .
Une figure principale dans l'histoire du cinéma, et dans le développement des films sur la Guerre Civile était D W Griffith. Ses films ont été influencés par les romanciers sudistes de la fin du dix-neuvième-siècle, tels que Thomas Nelson Page et Thomas Dixon . Il a développé leurs histoires des plantations aristocratiques avec les « Cavaliers » confédérés, les « Belles » du Sud, et les esclaves fidèles, ajoutant des éléments des histoires d'enfance que lui avait racontées son père, un ancien colonel confédéré.
Pendant sa carrière illustre, D W Griffith a raconté la Guerre Civile en treize films muets, comprenant The Guerrilla (1908). The Batlle (1911) et Abraham Lincoln (1930). Son plus célèbre film sur la Guerre Civile est The Birth a Nation [La naissance d'une nation] (1915), basée sur le roman de 1905 de Dixon, The Clansman.
The Birth of a Nation est l'histoire de deux familles, les Cameron’s du Sud et les Stoneman’s du Nord, qui sont séparées par la guerre, mais seront réunies pendant la Reconstruction.
Griffith a censément prêté beaucoup d'attention au détail historique, basé sur la consultation de conseillers militaires et de vétérans, pour recréer des situations tels que Appomattox Court House et le Théâtre Ford.
Les scènes de bataille avaient été un dispositif rare dans les films précédents, mais dans The Birth of a Nation, Griffith a produit une vision grande et parfois terrifiante des champs de bataille. Dans une scène, deux anciens amis se font face durant la bataille, l’un en gris, l’autre en bleu. Ce thème a été constant dans beaucoup de films depuis.
Malheureusement, le film était fortement raciste en traitant de l'émancipation et du Ku Klux Klan, entraînant la polémique une fois sorti, et il amène encore des opinions fortes aujourd'hui. Le film s’est révélé extrêmement populaire et a influencé un vaste nombre de films réalisés dans les plantations du Sud, le plus célèbre étant Gone With the Wind [Autant en emporte le vent], (1939).
Gone With the Wind, produit par David O. Selznick, a gagné huit Academy Awards et le label de « plus grand film de cinéma jamais fait ». Il est l'un des quelques films sur la Guerre Civile sans aucune bataille, bien que la scène renversante des rues d'Atlanta couvertes de confédérés blessés soit encore aujourd'hui puissante, et le célèbre incendie d'Atlanta fait partie de l'histoire cinématographique.
Pendant les années '40, le roman sudiste, un genre populaire depuis le commencement du cinéma, est passé de mode pour toujours, au moins sous la forme qu’il avait pris dans la première moitié du vingtième-siècle. Ses raccordements nécessaires avec l'esclavage étaient un facteur important d'abord dans sa popularité, mais plus tard, dans son déclin. Les descrïptions postérieures de la Guerre Civile et l'esclavage, tel que dans la série Roots [Racines] (1977) à la télévision, basée sur le roman de 1976 d'Alex Haley, et dans Nord and South (1985-6) ont pris une grande part en détruisant l'image romantique du « vieux » Sud. The Birth of a Nation et Gone With the Wind ont défini la Guerre Civile pour un public de masse, et beaucoup de films suivants ont été fortement influencés par eux .
La Guerre Civile dans les Westerns
La Guerre Civile a été le sujet ou le décor pour littéralement des centaines de Westerns.
Dans The Horse Soldiers [les Cavaliers](1959) de John Ford, John Wayne joue le rôle du Colonel Marlowe, chef d'une troupe de cavalerie de l’Union envoyée dans les plantations du Sud pour détruire les voies de ravitaillement de Vicksburg. Le film est basé sur le raid de 16 jours du Colonel Benjamin H Grierson sur le territoire confédéré en 1863.
John Ford avait un vif intérêt pour la Guerre Civile, comme le montre beaucoup de ses films. Sa descrïption du champ de bataille de Shiloh dans How The West Was Won [la Conquête de l’Ouest] a été peut-être inspirée par le fait que son oncle avait combattu lors de la bataille du côté de l’Union, et avait alors déserté pour rejoindre le Sud.
Un autre film basé en partie sur un fait historique est Alvarez Kelly (1966) dans lequel William Holden joue le rôle d’un guide conduisant un troupeau de bétail pour l'Union, qui est alors capturé par le Colonel confédéré Tom Rossiter (Richard Widmark) et forcé de livrer le bétail à Richmond assiégée en 1864.
L'histoire est très librement basée sur un incident réel, quand les confédérés de Wade Hampton ont capturé 2.486 têtes de bétail pour alimenter leur armée.
Beaucoup moins précis historiquement est Quantrill’s Raiders le film de 1958 d'Edouard Bernds, qui dépeint l'attaque de Quantrill sur l'Arsenal fédéral à Lawrence, au Kansas en 1863. L'histoire est négligée alors que le héros combat victorieusement contre l'incursion et tue même Quantrill : en réalité, Quantrill a massacré 150 civils durant le raid, a incendié la ville , et il est mort deux ans après !
Beaucoup de films parlent des habitants du Sud qui sont allés à l'Ouest après la guerre, tels que Best of the Badmen (1951), The Searchers (1956), Run of the Arrow (1957) et du premier film d'Elvis Presley Love Me Tender (1956). The Outlaw Josey Wales (1976) de Clint Eastwood est particulièrement notable pour son traitement des questions de l'après-guerre. Un autre thème dans beaucoup de Westerns était la réconciliation du Nord et du Sud, après la guerre, comme The Undefeated de Andrew V McLaglen (1969), ou pendant la guerre pour s’unir contre un ennemi commun, habituellement les indigènes Américains , comme Escape from Fort Bravo (1953) de John Sturges . Ce thème a été mené à son extrémité dans Major Dundee (1964) de Sam Peckinpah, dans lequel Charlton Heston mène une troupe de cavalerie hétéroclite composée de troupes de l’Union, de prisonniers de guerre confédérés, de renégats, de voleurs de chevaux, et d’un prédicateur. Quand la troupe s'embarque pour sa mission dans le territoire Apache, les hommes de l’Union chantent le « Battle Hymn of the Republic ». Les confédérés exercent leurs représailles avec le « Dixie », et les autres éléments répondent avec le « My Darling Clementine » ! Cependant, vers la fin du film, la troupe a résolu toutes leurs différences.
Des champs de bataille solennels des films de John Ford, aux conflits satiriques dans Major Dundee, la guerre civile a été un agent dans certains des plus grands Westerns et dans certains des moins communs jamais faits.
The Red Badge of Courage, Glory et Gettysburg.
Bien qu'il y ait eu littéralement des centaines de films qui ont traité des questions sur la période Guerre Civile, il y en a eu relativement peu qui se sont concentrés réellement sur les champs de bataille. Les films de The Birth of a Nation (1915) à Sommersby (1993) se sont à la place concentrés sur la façon dont la guerre a affecté les vies et les caractères.
Le premier film significatif à se concentrer sur le champ de bataille était la dramatisation du roman de Stephen Crane The Red Badge of Courage (1951), l'histoire d'un jeune soldat de l’Union confronté à la réalité brutale de la guerre. John Huston, réalisateur de films documentaires sur la deuxième guerre mondiale, a avec succès capturé le message pacifiste du roman de Crane dans les scènes violentes de bataille. Son film cynique, souligné par le choix d'Audie Murphy, le GI le plus décoré de la deuxième guerre mondiale, était autant un commentaire sur la futilité de la deuxième guerre mondiale que sur la Guerre Civile.
Glory (1989), dirigé par Edouard Zwick, est l'un des quelques films à avoir affaire avec les soldats afro-américains de l’Union et raconte l'histoire du Cinquante-Quatrième Régiment d’Infanterie des Volontaires du Massachusetts, mené par le Colonel Robert Gould Shaw (Matthew Broderick). Malgré le fait que la plupart des personnages sont factices, leurs sentiments et les situations sont fermement fondus dans l'histoire. Leur assaut final sur Fort Wagner à Charleston qui a laissé la moitié des hommes morts sur le terrain est dépeint d'une manière éblouissante dans le film, amenant James M McPherson à le décrire comme « .. le plus réaliste des combats de n’importe quel film sur la Guerre Civile ». Gettysburg (1993) de Ronald F Maxwell a été filmé sur le champ de bataille de Gettysburg et est réellement un récit détaillé de la bataille de 1863, recréé authentiquement avec plus de 5 000 figurants.
La suggestion de l'exactitude historique est définie dès le début avec la séquence titre qui juxtapose les portraits originaux de la Guerre Civile avec des images des acteurs du film, montrant aux réalisateurs de film les efforts à faire pour parvenir à l'authenticité.
Une des forces du film est qu'il se concentre avec impartialité sur les opinions et les motivations des officiers et des fantassins des deux camps de la guerre, les montrant en tant qu'êtres humains avec des émotions et des faiblesses. Il n'y a aucun héros ni salaud car à chaque personnage il est donné l'occasion de décrire une vue différente de la guerre entre les séquences épiques de bataille du film qui culminent avec la scène accablante de la charge de Pickett.
Il y avait beaucoup de causes et d’effets à la Guerre Civile, et il y a eu beaucoup d'histoires et de mythes en conséquence. Certains ont défendu l'esclavage, d'autres ont évité le sujet ; certains ont choisi leur camp, et d'autres ont essayé de rester neutres. La valeur des films examinés dans ces trois chapitres est qu'ils reflètent l'éventail des perceptions culturelles de cet événement épique.
Davantage de lecture :
• E.D.C Cambell jnr The Celluloid South: Hollywood and the Southern Myth (Univ. of Tennessee Press, 1981)
• R M Henderson, D W Griffith: His Life and Work (Oxford Univ. Press, 1972)
• J T Kirby, Media-Made Dixie: The South in the American Imagination (Univ. of Georgia Press, 1986)
• S Simmon, The Films of D W Griffith (Cambridge Univ. Press, 1993)
• E Buscombe, The BFI Companion to the Western (Andre Deutsch Ltd, 1988)
• P French, Westerns: Aspects of a Movie Genre (Viking Press, 1973)
• P Hardy, The Encyclopedia of Western Movies (Octopus Books, 1984)
• J McBride & M Wilmington, John Ford (Martin Secker & Warburg Ltd, 1974)
• M C Carnes, Past Imperfect: History According to the Movies (Cassel, 1996)
• R A Rosentone, Visions of the Past: The Challenge of Film to Our Idea of History (Harvard University Press, 1995)