Les éclaireurs et la conquête de l'Ouest, fusion de deux cultures
L'Ouest, Immense, sauvage et mythique où les immigrants ne connaissent aucune limite à leurs ambitions. Pour affronter ces vastes étendues inconnues, le «pied tendre», ou nouvel arrivant de l’Est, doit faire appel à l'expérience des Mountain Men (trappeurs de castors ou explorateurs de l'Ouest).
Des visages pâles ouverts à la culture locale
Ces coureurs de pistes portant fièrement, selon le stéréotype iconographique bien connu, une veste en peau de daim et une casquette en fourrure de raton-laveur, n'ont pas attendu la première expédition «trans-états-unienne» de Lewis et Clark (mai 1804 à septembre 1806) pour se lancer à la conquête des plaines, pour franchir la Mississipi river – marquant la frontière des États-Unis avant l’acquisition de l’ancienne Louisiane française en 1803 – et disparaître dans les terres encore indiennes. Ils vivent dans une nature sauvage, embrassant et acceptant plus ou moins la vie des tribus qui les accueillent. Avec les Indiens, ils apprennent à vivre dans un milieu grandiose mais souvent hostile, ils découvrent les techniques de chasse, ils parlent certains dialectes, s'initient au langage des signes, indispensables pour communiquer entre tribus et, enfin, ouvrent de nouvelles pistes.
Le plus grand de ces aventuriers, Jim Bridger (1804-1881), visite les terres qui forment le Wyoming actuel, donnant son nom à un fort, et connaît alors mieux que quiconque toutes les pistes de l'Ouest.
Admirablement adaptés à la vie errante des Indiens, dont ils épousent parfois les jeunes filles, ces trappeurs, habiles avec une carabine de chasse Hawken comme avec leur bon vieux Bowie knife (le couteau des scalpes par excellence), sont des guides et des éclaireurs sûrs. Ils connaissent les moindres sentiers, les points d'eau les plus éloignés, les mille recoins de la prairie, des déserts et des montagnes.
Des ouvreurs de pistes
En 1832, Benjamin Louis Eulalie de Bonneville (1796-1878), Français d’origine, diplômé de West Point, ouvre ainsi la route vers l'Ouest. En 1842, le lieutenant John Charles Frémont (1813-1890), guidé par Christopher Houston Carson, le célèbre Kit Carson (1809-1868), inaugure la piste de l'Oregon à travers les Rocheuses et six Etats actuels. Il parcourt 3200 kilomètres durant plus de cinq mois de voyage. Cette dernière expédition de quarante-huit hommes entraîne dans son sillage des savants, des cartographes et, bien évidemment, des soldats.
Si l'une des tâches du guide est de mener à bon port les longs convois de «conestoga wagon» au départ souvent d'Independence, les éclaireurs travaillent aussi pour l'armée.
C'est ainsi que William Frederick Cody dit Buffalo Bill (1846-1917) – considéré comme l'Ami des Indiens et le fondateur du fameux cirque BuffaloBill's Wild West qu’il dirigera de 1882 à 1912 –, participe à la fameuse campagne militaire de 1876, où il tue en duel et scalpe le chef cheyenne Yellow Hand lors de l’escarmouche de Warbonnet Creek.
Les scouts autochtones
Avec l'extension de la frontière et l'ouverture des réserves, de nouveaux éclaireurs vont voir le jour. Certains Indiens, tels l'Apache Bakeitzogie, The yellow Coyote alias Dutchy , scout du lieutenant-colonel Georges-Armstrong Custer, s'engage dans l'armée des États-Unis. Ces adversaires redoutables pour les Indiens «hostiles» n'agissent presque jamais par traîtrise, mais pour éviter l'ennui engendré par la vie dans la réserve.
La tâche de l'éclaireur consiste alors à mener l'armée jusqu'aux derniers foyers de résistance, tâche qui ne l'empêche pas, tout du moins pour certains, de conserver des liens privilégiés avec son peuple, tel l'Apache Tzoe, prévenant les «sans-noms» de Pa-Gotzin-Kay, des expéditions de l'armée.
Ce rapide tour d'horizon loin d'être exhaustif, se doit de faire allusion aux «sang-mêlés», pouvant être considérés comme des «éclaireurs idéaux». Pourtant, ces derniers n'ont pas laissé le souvenir d'avoir concouru à de telles activités.