Il était une fois, un vieux trappeur qui vivait en pleine forêt canadienne.
Chez lui, tout était de bois, sa petite cabane, son traîneau tiré par quatre chiens, jusqu’à l’une de ses jambes.Il vivait de la chasse à l’ours.
Un jour qu’il rentrait, il vit un homme couché dans la neige, gémissant de froid, et claquant des dents.
Le vieux trappeur le hissa sur son traîneau et le ramena dans sa cabane en bois, et l’installa ensuite dans son lit de bois, près de la cheminée.
Le vieux trappeur fit du thé qu’il donna à l’inconnu,
mais l’inconnu ne se réchauffait pas.
Le vieux trappeur recouvrit l’inconnu de toutes les peaux d’ours qu’il avait dans sa cabane. Mais l’inconnu gémissait encore et ne se réchauffait pas.
Alors le vieux trappeur sortit et coupa du bois qu’il fit brûler dans la cheminée. Mais l’inconnu ne se réchauffait toujours pas.
Le vieux trappeur coupa tant et tant de bois, que la forêt disparue.
Le vieux trappeur sortit en quête de bois, mais il n’y avait plus qu’un grand désert blanc.
Il posa les yeux sur son traîneau, lâcha les chiens qui partirent rejoindre la horde des loups, il scia le traîneau et le jeta dans la cheminée. Mais l’inconnu tremblait encore et gémissait de froid.
Alors le trappeur posa ses yeux sur ses meubles, les scia et les jeta dans la cheminée. Mais l’inconnu ne se réchauffait toujours pas.
Le vieux trappeur était las, et sortit en quête de quelques brindilles. Il regarda autour de lui, plus de bois ! il posa alors les yeux sur sa cabane.
Il scia les planches une à une, et les jeta dans la cheminée. L’inconnu ne se réchauffait toujours pas.
Désespéré le vieux trappeur s’assit sur le bord du lit, et posa ses mains sur ses genoux. Tout d’un coup il releva son pantalon, descella sa jambe de bois et la jeta dans la cheminée. L’inconnu ne se réchauffait pas.
Le vieux trappeur quitta sa veste et sa chaussure et s’allongeant auprès de l’inconnu le serra contre lui.
L’inconnu alors se réchauffa…
Un lendemain, le vieux trappeur se réveilla, L’inconnu avait disparu. Il ouvrit les yeux encore un peu ensommeillé et éclata de rire, Il pensait qu’il avait rêvé.
Pourtant, se redressant, tout lui paraissait bien plus grand. La cheminée, la cabane, et en son centre une grande table où un grand bol de soupe fumait.
Le vieux trappeur se leva et sortit.
Devant sa porte, huit beaux chiens étaient attelés à un grand traîneau. La forêt était revenue, elle était plus dense, les arbres plus hauts, et plus forts, plus beaux.
Ne se sentant plus de joie, le vieux trappeur se mit à courir dans la plaine qui s’étendait devant lui. Puis, tout d’un coup, Il s’arrêta, comme pétrifié de ce qu’il venait de comprendre.
Il releva son pantalon, sa jambe de bois n’était plus mais une jambe de chair et d’os bien scellée à son genou. Le vieux trappeur tomba alors dans la neige, Il pleura.
Il pleura, il pleura tant et tant que la neige fondit, et la plaine reverdit.